Léonard de Vinci

samedi 7 mars 2009

L'ART ROMAN (1) CHAPITRE 1 L'ARCHITECTURE ROMANE

L'ART ROMAN
Jacques ROUVEYROL

CHAPITRE 1 : L'ARCHITECTURE ROMANE

D'une église, il y a d'abord un plan.

1. Le plan :

Le XII° siècle est un siècle de pèlerinages. Les plus prestigieux mais aussi les plus risqués et les plus chers sont en premier lieu le pèlerinage à Jérusalem, en second lieu à Rome. Plus populaire et plus fréquenté le fameux pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Un pèlerinage est un voyage organisé vers des reliques. En Grèce, on allait à Delphes consulter l'Oracle rendu par la Pythie chaque fois qu'on avait une décision à prendre ou une affaire importante à conclure. Pourquoi à Delphes précisément ? Parce qu'à Delphes est l'Omphalos, le nombril du Monde (une pierre de taille importante affectant la forme d'un oeuf). Delphes est le centre de l'univers.
Le monde chrétien se dote d'une multitude de "centres" : des lieux où sont les reliques des saints auxquelles on prête un pouvoir spirituel (assurer son salut) ou temporel (guérir une maladie).
Le plan de l'église doit donc remplir deux fonctions : 1) assurer la présentation des reliques, 2) assurer la circulation des pèlerins.
Deux sortes de plans verront le jour : le plan bénédictin qui favorise la présentation des reliques en les exposant dans des chapelles alignées le long du transept.

Le plan à chapelles rayonnantes qui favorise la circulation des pèlerins en groupant dans l'abside, autour du déambulatoire les chapelles où sont exposées les reliques. Ce plan l'emportera généralement sur l'autre.
2. La structure.

La structure, ce sont les éléments de la construction et leur composition.

2.a. Les éléments : les arcs.
On a coutume d'imaginer que l'arc roman est le plein cintre. C'est inexact. Certes, le plein cintre est caractéristique, mais tout le roman ne s'y résume pas. L'arc brisé, mais aussi bien d'autres sortes d'arcs ont été utilisés par les mâçons romans.
2.b. Composition : les voûtes.

La voûte la plus répandue est, naturellement, la voûte en berceau plein cintre. Mais, encore une fois la voûte brisée est parfaitement romane.
Là où les voûtes se croisent, on obtient une voûte d'arêtes qu'il faudra par la suite bien distinguer le la voûte ogivale.

3. Le mur.

3.a. Les éléments : colonnes et piliers

Les églises à chapente utilisent en général des piliers.



Les églises à voûte, des colonnes. Mais les choses ne sont pas simples. Le pilier peut se voir accoler des pilastres (donnant naissance au pilier quadrangulaire par exemple) ou des demi-colonnes (donnant naissance au pilier quadrilobe). La colonne des demi-colonnes. Quelquefois le nombre des éléments devient très important.
3.b. L'engagement dans le mur.

Mais ces piliers, ces colonnes sont généralement engagés dans le mur, si bien qu'ils n'ont que très secondairement une fonction portante. Tout se passe comme si l'on voulait exprimer par ce regroupement des pilastres et des demi-colonnes autour du pilier et de la colonne eux-mêmes adossés au mur, la subordination du petit au grand et la solidarité organisée qui en découle qui caractérise l'ordre social de la féodalité (seigneur, vasseaux, paysans).
Ci-dessous la terminologie relative à la colonne surmontée d'un chapiteau et le dessin d'une demi-colonne engagée dans un pilier lui-même engagé dans le mur.
3.c. Le portail.

Le portail est un élément essentiel de l'église. Non qu'il soit le point de passage du dehors vers le dedans, car l'église a autour d'elle tout un périmètre qui patrticipe de sa sacralité (il y a souvent le cimetière qui fait partie de son "espace"); mais il est le lieu de l'ouverture.


3.d. Le mur roman

Le mur grec (ci-dessous à gauche) est abstrait. Quelque soit une pierre sortie de la carrière et taillée, on peut la mettre où l'on veut, lui substituer une autre pierre sans inconvénient. Le mur grec est homogène.
Le mur roman (ci-dessous à droite) est concret. Chaque pierre est unique et demande donc que chaque autre se conforme à elle et réciproquement. Comme dans un organisme vivant, chaque organe s'adapte (plus ou moins bien) aux variations de fonctionnement des autres organes, la pierre romane répond à toutes autres.
Le même principe de solidarité est ici à l'oeuvre, à ceci près qu'il n'y a pas de domination du plus grand sur le plus petit.

4. Le refus de la perspective en peinture.

Le mur constitue l'élément essentiel de l'art et de l'esprit romans. C'est lui qui prime. C'est lui qui va conditionner ce que seront et la peinture et la sculpture du XII° siècle.
En peinture, par exemple, il ne pourra être question de "trouer" le mur par une illusion de profondeur. Il ne pourra être question d'utiliser par conséquent la perspective linéaire que la Renaissance mettra en oeuvre. On n'acceptera pas qu'il y ait plus d'un plan et tout devra se figurer sur le même plan (voir chapitre suivant).

5. Les lieux de la décoration
Les lieux de la décoration sculptée sont donc conditionnés par l'architecture. Ce sont les points de jonction. Le chapiteau au point de jonction de la colonne et de la voûte. La base à la jonction de la colonne et du sol. Les voussures à la jonction du dedans et du dehors (portail). Les modillons enfin à la jonction du mur et du toit.

6. Le chevet.
Le chevet, enfin est la partie externe Est de l'élise qui comprend l'abside autour de laquelle , comme les demi-colonnes autour de la colonne, se groupent les absidioles, évoquant là encore la subordination du petit au grand.
Vue du dehors, l'église se présente alors comme une gigantesque sculpture, taillée à-même l'espace, dessinant dans cet espace profane un bloc architecturé d'espace sacré et tel que le regard, coulant des absidioles vers l'abside s'élève peut à peu jusqu'au le Ciel en passant par la flèche.

7. Le problème de la sculpture.

a. Dans le schème égyptien les dimensions "techniques" et "objectives" coexistent. La statue du pharaon respecte les proportions du corps humain. Mais portée à une taille gigantesque, il s'ensuit des déformations visuelles qui ne sont pas corrigées. Le sommet de la statue est vu plus petit parce que plus éloigné que sa base, vue plus grande parce que plus proche. De même, le raccourci qui fait que le bras le plus éloigné vers l"arrière" est vu plus court que celui qui se déploie vers l'avant, est ignoré. Les deux bras sont toujours de la même grandeur.


b. Dans le schème grec les dimensions "objectives" l'emportent sur les dimensions "techniques". La correction visuelle s'applique et fait que, quelque soit la hauteur de la statue, l'impression sera celle de la conservation des proportions objectives du corps humain qui sont d'ailleurs canonisées.



c. Dans le schème médiéval les dimensions objectives sont tout simplement abandonnées et les figures humaines ou animales soumises à des "déformations" dont il faudra tenter d'expliquer (chapitre suivant) les raisons.



16 commentaires:

  1. merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

    RépondreSupprimer
  2. Tous ces cours sont excellents ,l'iconographie est de très bonne qualité ce qui permet de faire des agrandissements .
    Merciiiiiiiiiii

    RépondreSupprimer
  3. khadija a dit
    merci pour ces cours excellents

    RépondreSupprimer
  4. trop porri ce site jai toujours rien pige

    RépondreSupprimer
  5. Merci
    des cours simplement expliqués et explicites, je connais pas mal le sujet, mais cela me donne une petite révision et pas de prise de tête ! Merci, je garde le site sous le coude !

    RépondreSupprimer
  6. a cause de vous je dois apprendre sa

    RépondreSupprimer
  7. C'est très intéressant, merci beaucoup ! Je compte entrés en fac pour une licence d'histoire de l'art à partir de Septembre, et je pense que cela peut m'être utile. Merci beaucoup =)

    RépondreSupprimer
  8. Vous allez à l'essentiel. Vous m'avez rendu service. Merci beaucoup.

    RépondreSupprimer
  9. Ce site est tout simplement:l'excellence, par sa clarté, ses précisions, ses photos... Merci !

    RépondreSupprimer
  10. super j'en avais besoin

    RépondreSupprimer
  11. Merci pour ce cours et pour l'iconographie.
    Bel exemple de générosité et d'ouverture de le mettre en ligne gratuitement !

    RépondreSupprimer
  12. merci beaucoup pour ces cours!!! c'est génial!

    RépondreSupprimer
  13. Un immense merci d'avoir mis à disposition de vos lecteurs une telle concentration de savoir réuni dans des études synthétiques et claires. Je devine le travail titanesque que cela représente ; la somme de vos connaissances est impressionnante mais plus impressionnant encore est votre volonté de partage à travers les supports téléchargeables : encore merci !!

    RépondreSupprimer
  14. je vous remercie pour ce cours.surtout l'iconographie presente me paraît plus importante

    RépondreSupprimer