Léonard de Vinci

samedi 7 mars 2009

ICONOGRAPHIE (3) CHAPITRE 16 : LA MYTHOLOGIE

CHAPITRE 16 ICONOGRAPHIE 3 : LES HEROS MYTHOLOGIQUES
Jacques ROUVEYROL


A quoi reconnaît-on un saint, un héros de la mythologie, voire un personnage historique ? Là encore, ce sont des signes ou des attributs ou, d’autres fois, des situations qui permettent la reconnaissance de tel ou tel héros ou divinité.

1. Les dieux

Jupiter (Zeus) : un roi, la foudre, un aigle ou tout autre apparence. Avec Europe, il est taureau, pour la ravir, avec Danaé il se fait pluie d’or, avec Io il est nuée, avec Léda, cygne. Pour séduire une mortelle il n’est aucune apparence que Jupiter néglige.





Mercure (Hermès) : des ailes (au casque et aux talons), le caducée (car Mercure est messager et médecin).


Diane (Artémis) : le croissant de lune, l’arc et les flèches, les chiens et encore, la nudité. Diane est pourtant la plus pudique des déesses. Actéon métamorphosé en cerf puis dévoré par ses propres chiens pour l’avoir vue nue à sa toilette en a su quelque chose. Sans doute, d’ailleurs, est-ce par référence à cet épisode des Métamorphoses d’Ovide, que Diane est le plus souvent représentée nue et si Actéon ne figure pas quelque part sur la toile il n’est sans doute jamais absent de la scène. Il faut alors, comme dans ces vignettes publiées dans les journaux d’antan , rechercher le chasseur.


Apollon : la lyre, l’arc et les flèches et, naturellement, la beauté d’un jeune homme. Mais aussi Daphné. Dans l’œuvre de Coypel, c’est de laurier que la Victoire couronne le beau Dieu. Mais l’arbre est là vers lequel Apollon tend la main. Cet arbre, c’est Daphné au terme de sa métamorphose.


Minerve (Athéna) : un costume militaire avec casque, lance et bouclier orné de la tête de Méduse. Sortie tout armée de la tête de Jupiter, il arrive qu’on la trouve placée sur cette tête. (Ci-dessous, tout en haut, dans ce tableau de Zucchi)



Vulcain (Héphaïstos) : la forge, un corps robuste voire disgracieux (Vulcain est un dieu boiteux) et la présence ou absence de Vénus (son épouse infidèle). Dieu technicien, travaillant de ses mains à des tâches peu nobles, il a des attributs qui soulignent sa condition inférieure.



Neptune (Poséidon) : le trident et le triton. Dieu de la mer, Neptune a les apparences d’un colosse et manifeste une puissance peu commune. Comme son frère Pluton (Hadès) Dieu des morts et gardien des Enfers (l’un et l’autre dans le tableau ci-dessus, en bas, respectivement à gauche et à droite).





Bacchus (Dionysos) : la vigne, le vin, les festivités et la compagnie des satyres. C’est un dieu généralement rond de ventre et de silhouette, conséquence d’une vie consacrée aux festins de toutes sortes.




Vénus (Aphrodite) : la nudité, Cupidon. Déesse de la beauté, Vénus est nue. Pas toujours, pourtant. L’atmosphère platonicienne de la Renaissance conduit à distinguer deux Vénus : l’une terrestre ou vulgaire), déesse des amours terrestres, animales, instinctives. Celle-ci est habillée (voir Botticelli Le Printemps). L’autre, céleste, célébrant l’amour désincarné du Beau est précisément dévêtue (voir Botticelli La Naissance de Vénus) mais souvent « pudique » (voir cours ultérieur sur « Le nu »). Ce qui n’est pas le cas dans le tableau du Titien, ci-dessous.



2. Les héros

Persée : des ailes au casque (comme Mercure) et un bouclier orné d’une tête de Méduse (comme Minerve). Car Persée est vainqueur de Méduse et l’a été grâce au bouclier-miroir qui lui a permis de trancher la tête à la femme aux cheveux reptiliens sans tomber sous son terrible charme. Après quoi il vole au secours d’Andromède attachée au rocher prête à être dévorée par le monstre marin.




Léda : le cygne et les jumeaux. Jupiter, en effet, prit l’apparence d’un cygne pour séduire la belle et lui fit des jumeaux connus sous les noms de Castor et Pollux. Quelquefois quatre enfants sont auprès d’elle : Castor et Pollux, les enfants de Zeus, Clytemnestre et Hélène, ceux de Tyndare, l’époux de Léda, conçus la même nuit et éclos d’un second œuf (c’est le cas dans le tableau de Giampietrino, ci-dessous).

Io : la vache et Argus. L’amour de Jupiter pour Io n’est pas passé inaperçu aux yeux de Junon. Pour échapper à la furie de cette dernière et tromper sa vigilance, Jupiter change Io en vache. Mais Junon n’est pas dupe et lui assigne un gardien efficace, Argus, pourvu de mille yeux dont seul Mercure parviendra à endormir la vigilance avec sa musique.


Daphné : le laurier (en lequel elle se métamorphose pour échapper aux assiduités d’Apollon) et la présence d’Apollon.

Danaé : la pluie d’or dont Jupiter prend la forme pour accéder à elle. De cette union naîtra Persée.


Ganymède : l’aigle. Celui de Jupiter, justement, qui vint enlever ce bel adolescent pour le conduire en Olympe … auprès du dieu suprême.



Antiope : le sommeil et un satyre. Cette fois, pour séduire Antiope, Jupiter prend la forme d’un Satyre. Dans le tableau de Van Dick on reconnaît Antiope 1) à ce qu’elle est endormie, 2) à ce que le satyre qui l’observe est bien 3) Jupiter comme en témoigne l’aigle qui l’accompagne.



Europe : le taureau dont Jupiter, encore, a pris la forme pour l’enlever.




Hercule - enfant : les serpents qu’il a la force, déjà, d’étouffer adulte : la massue, la peau de lion, la tunique. La première est son arme préférée, la seconde est celle du Lion de Némée l’un des « travaux » dont Hercule dût s’acquitter ; la troisième, la tunique de son épouse Déjanire, souillée du sang du centaure et qui conduira Hercule au suicide.




3. Les allégories.

Une chose est de reconnaître les dieux et les héros à partir de leurs attributs ou des scènes connues de leurs vies peu ordinaires, une autre est de reconnaître les allégories. Ici, point d’anecdote, mais une « Idée » mise en image et dont les attributs doivent être en rapport avec le contenu de cette idée (doivent être proprement des symboles).

La prudence : un miroir, un serpent voire le caducée. Le miroir n’a pas ici un usage vaniteux. Et le serpent est connu, justement, pour sa prudence.


La justice : le glaive et la balance. Seule la clémence peut faire fléchir le glaive.

La fortune : une roue, la corne d’abondance, un globe. La roue tourne et l’abondance d’aujourd’hui peut devenir la pénurie de demain. Le globe : il est difficile de se tenir en équilibre sur lui. Les trois symboles sont réunis dans ce tableau de Bronzino.



La charité : une femme donnant le sein à un nourrisson ou, dans la charité romaine, à un vieillard.



La foi : un calice, une croix. Evidemment.


La sagesse : un flambeau ou Minerve, la déesse servant ici directement de figure allégorique.


Les fleuves : des hommes allongés, appuyés sur une urne renversée d’où s'écoule de l’eau.



Le temps : un vieillard pourvu d’ailes. Figure complexe pouvant s’accompagner d’un bâton, d’un sablier, d’une faux, d’un enfant (Chronos dévorait ses enfants de peur qu’ils ne l’émasculent). Figure synthétique obtenue par croisement progressif du kaïros (l’instant décisif) et le l’Aion (le temps comme principe créateur inépuisable) grecs, respectivement représentés avec une balance et un rasoir, pour le premier, des ailes, un serpent et les signes du zodiaque pour le second. Puis par le croisement à nouveau de ces figures grecques avec la figure romaine d’un Saturne âgé porteur d’une faucille et qui devient au moyen-âge un vieillard souffreteux appuyé sur un bâton ou des béquilles. Ce sont les illustrateurs des Triomphi de Pétrarque qui assureront la fusion de Saturne avec le temps aboutissant à ce vieillard ailé dont la faucille deviendra faux au moment d’une dernière fusion avec la mort. (Ci-dessous, détail d’un tableau de Tiepolo Allégorie de Vénus avec le Temps).



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