Léonard de Vinci

samedi 7 mars 2009

ICONOGRAPHIE (4 & 5) CHAPITRE 17 : SCENES FREQUENTES ET NU

CHAPITRE 17 ICONOGRAPHIE 4 : LES SCENES FREQUENTES & ICONOGRAPHIE 
5 : LE NU
Jacques ROUVEYROL

ICONOGRAPHIE 4 : LES SCENES FREQUENTES AUX XVI°, XVII°, XVIII° SIECLES

I. LES SCENES BIBLIQUES.

Beaucoup de décapitations. Judith et Holopherne en mémoire de la victoire de Béthul (Caravage)




David et Goliath et la victoire sur les Philistins (Michel-Ange)



Décollation de Saint Jean-Baptiste sur intrigue de Salomé et de sa mère auprès d’Hérode (Cranach)


Samson et Dalila commémorant la ruse des Philistins et leur triomphe provisoire (Rubens)


Et une certaine tendance, qui sera plus affirmée dans les scènes mythologiques, évidemment, au développement du nu bien représenté avec Suzanne et les Vieillards (ci-dessous, Santerre)


David et Goliath excepté, les autres scènes présentées ci-dessus, mettent en avant des femmes : Judith, Salomé, Dalila, Suzanne. Et, à mesure qu’on avance vers le XVIII°, des femmes « nues ». Non pas « dénudées », mais des « nus féminins ».

I. LES SCENES MYTHOLOGIQUES.

Naturellement davantage dans la peinture mythologique « païenne » que dans la peinture de scènes bibliques. Danaë, Daphné, Antiope, Io, Andromède, Europe, Léda, Diane, Séléné, Vénus, Callisto, Galathée, etc. Mais, même lorsque le « héros » du tableau est de sexe masculin : Vulcain, Neptune ou Pâris, la dominante reste au nu féminin (ci-dessous Triomphe de Neptune du Poussin ou Jugement de Pâris de Wtewael)



Le peinture mythologique à mesure qu’on avance vers le XVIII° siècle tend, elle aussi, à faire du nu féminin son sujet (objet ?) de prédilection. La peinture s’érotise. On se souvient du premier tableau de « peinture érotique » : La Vénus d’Urbin de Titien

ICONOGRAPHIE 5 : LE NU

I. CARACTERES GENERAUX.

Le nu ce n’est pas la nudité. C’est un vêtement. Un modèle du corps. Mieux, une forme d’art inventée par les grecs au V° siècle avant JC. Le nu n’exclut pas l’érotisme, comme en témoignent bien des façades de temples en Inde. Mais il n’est pas universel. Le Japon, la Chine l’ignorent. Quand il apparaît dans des estampes, ce n’est pas pour lui-même, mais dans la relation de scènes intimes.


Il apparaît sur les côtes de la Méditerranée mais disparaît à la fin de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance.

II. LA BEAUTE DU CORPS

1. La définition de la beauté du corps n’est pas simple. Zeuxis puis Raphaël voyaient l’idéal dans une synthèse. La nature ne fournit que des corps imparfaits. Il faut prendre ici et là ce qu’il y a de « réussi » et composer, avec cela, un corps « artificiel ». Reynolds, anglais, donc pragmatique, empirique, tenait pour un idéal constitué par une « moyenne ». Définition statistique, en somme de la beauté.

2. Voyons comment elle naquit en Grèce. Les grecs ont une foi indéfectible dans le nombre. Platon explique dans Le Timée l’harmonie du monde par le nombre. Les pythagoriciens croient tellement en la rationalité parfaite du nombre qu’ils font du « scandale » de l’hypoténuse, un secret.



Les grecs établissent donc des « canons », c’est-à-dire des rapports harmoniques entre les parties du corps, rapports définissant la beauté dudit corps. Ces canons changent avec les époques. L’Eve gothique répond à un autre canon.



3. La Renaissance foisonne de nus. C’est que, platonicienne, elle pense que l’Idée de la Beauté (ce par quoi les choses sont belles) ne s’incarne jamais mieux que dans la forme du corps humain.

III. L’APPARITION DE LA « BELLE FORME »

C’est donc au V° siècle avant JC qu’apparaissent les premiers nus grecs. Ils ne sont pas « beaux » mais parfaits. Abstraits, définis par le nombre et la géométrie (ex. Ce Kouros du V°s av JC)



La beauté proprement dite, ce sera cette perfection « corrigée » par l’imitation de la nature, rendue «vivante» ; en somme : ce même corps mais auquel on aura donné le mouvement. Pas un mouvement désordonné (dionysiaque), mais un mouvement équilibré ( apollinien). Cela, par le moyen du déhanchement, principalement. Témoin le fameux Hermès de Praxitèle.


IV. LES DEUX VENUS

Pour le corps féminin réduit à l’époque préhistorique aux seuls attributs de la procréation, la difficulté est d’en vaincre la « vulgarité ». Il faut une Vénus qui ne soit pas qu’un sexe.

1. L’art (avec la philosophie) inventera deux Vénus : la Vénus terrestre (symbole du désir sexuel), la Vénus céleste (symbole de l’amour du Beau). Et les grecs, dès le IV° siècle avant JC, inventeront presque tous les types de Vénus :
- Vénus nue (ci-dessous Vénus de l’Esquilin de Praxitèle, selon un canon bien défini)

-Vénus au pli mouillé (autre forme de nu).
- Vénus aux jambes drapées (la Vénus de Milo est de ce type)
- Vénus accroupie.
-Vénus anadyomène (sortant de l’eau et s’essorant les cheveux).
-Trois Grâces (ou les trois aspects du corps de Vénus : face, dos, profil)

La Renaissance et les siècles suivants n’auront qu’à reprendre ces types et à les décliner.

2. La Renaissance inventera pourtant (Giorgione ) avec la Vénus de Dresde un nouveau type de Vénus : la Vénus couchée.



3. Avec Rubens (puis, plus tard Renoir), Vénus se fera plus charnelle et le pli de la peau remplacera le « pli mouillé ». Jusqu’à la Vénus « réelle » et sexuée de Courbet bientôt réduite  à ce que les grecs avaient tout fait pour éviter : son sexe.



Pour télécharger les DIAPORAMAS du cours : 1. scènes fréquentes

Pour télécharger les DIAPORAMAS du cours : 2. Nus

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