Léonard de Vinci

samedi 7 mars 2009

LA RENAISSANCE (6) CHAPITRE 11 : LA RENAISSANCE MANIERISTES, LES ARTISTES

CHAPITRE 11 LA RENAISSANCE MANIERISTE XVI°S : LES ARTISTES
Jacques ROUVEYROL


I . PRECURSEURS ET INITIATEURS

1. Michel-Ange

Il apporte :

- le contraste chromatique (Chapelle Sixtine)



-la forme serpentine (Victoire, du Palazzo Vecchio)



-le raccourci audacieux (Le Supplice d’Aman)




- le retour à la surface (La Vierge à l’Escalier)


Les « artifices » architecturaux (Bibliothèque San Lorenzo, Florence Voir cours précédent).

2. Raphaël

Il apporte essentiellement, avec L’Incendie du Borgo, la remise en question de l’historia dans laquelle Alberti plaçait l’essentiel du tableau. Le miracle opéré par le pape figure tout-à-fait à l'arrière plan du tableau.

II. PREMIERE PERIODE (ANTI-CLASSIQUE).
Cette première période est caractérisée par l’invention. L’artiste s’écarte de la nature et invente. Du même coup, l’œuvre se démarque de l’historia, se libère de nombreuses contraintes. En sculpture, par exemple, la statue était encore « aliénée » au contexte dans lequel elle devait être produite (pour un tombeau, une chapelle, etc.). On assiste donc là à la naissance de l’art au sens où on l’entend aujourd’hui : des œuvres autonomes qui valent par elles-mêmes.

1. Pontormo (1494-1556)

a. Le mouvement, la couleur.

-La Déposition de Florence est comme un ballet dans lequel les corps ne pèsent rien et qui figure une ronde que le regard est amené à parcourir. Pas de croix, pas d'échelle, pas de sol.
-Les couleurs sont acides, invraisemblables comme celles employées par Michel-Ange à la Chapelle Sixtine.


b. L’énigmaticité
Toujours à l'affut de le trouvaille, du "mot d'esprit" pictural, si l'on peut dire, le tableau peut prendre la forme d'une énigme. Dans la Visitation, quatre femmes au lieu de deux. Mais deux fois les mêmes, doublement inversées : inversion face / profil, inversion de la couleur des vêtements.

c. La fragmentation du temps
On semble, dans le Joseph en Egypte, ci-dessous, revenus au traitement "local" du moyen-âge : divers moments d'une même histoire trouvent lieu dans le même espace du tableau. mais le sens est tout différent. On sait que Jacob, aveugle, est victime d'une substitution involontaire. Des deux fils de Joseph, Hepraïm et Manassé, il ne bénit pas l'enfant qu'il croit bénir (l'aîné) mais l'autre (le cadet, Ephraïm) et quand Joseph se récrie, Jacob persiste donnant à Ephraïm une suprématie de destin sur Manassé. C'est pour rendre visibles les conditions de cette "méprise" que l'image "mutiplie" les enfants. Mais les multiplie sans les distinguer : ces quatre fois le même enfant que le tableau donne à voir.



2. Rosso Fiorentino (1494-1540) C'est le Rosso qui, avec Primatice, apportera à Fontainebleau le maniérisme italien.



3. Domenico Beccafumi (1486-1551)




4. Parmigianino (1503-1540)



5. Benvenuto Cellini (1500-1571)



6. Bronzino (1502-1572)



La composition de cette œuvre mérite qu'on s'y arrête un moment. Son titre : Allégorie du Triomphe de Vénus ne résiste pas à l'analyse. Ci-dessous, une Tapisserie de Giovanni Rost d’après Bronzino : L'Innocence justifiée. A cette tapisserie on a donné comme pendant une autre intitulée : Le Printemps. Attribution complètement incongrue : quel rapport entre L'innocence justifiée et Le Printemps ?



Dans le tableau de Bronzino, le jeune femme n'est pas Vénus. Derrière elle, à gauche, La Jalousie se prend la tête à deux mains. Le petit anneau qui enserre la cheville du garçonnet de droite, le désigne comme Le Plaisir qui est futile illusoire et faux. Les masques posés au pied de la jeune femme renvoient au masque situé au niveau de l'épaule du garçonnet qui figure La Tromperie. Duplicité perverse qui d' une main gauche située au bout d'un bras droit tient un rayon de miel et d'une main droite au bout d'un bras gauche un animal venimeux. En haut, arrachant de sa main un voile, un vieillard figure Le Temps (la représentation en est classique). La figure de gauche, en haut, ainsi dévoilée ne saurait être que La Vérité (classique aussi : Le temps dévoilant la Vérité). Mais quelle vérité ? Précisément ce que représente la prétendue Vénus : La Luxure qui se trouve dénoncée.
Ainsi le titre du tableau devrait être : La Vérité dévoilée par le Temps et ce tableau devrait servir (ou avoir servi) de modèle à la tapisserie qui aurait dû faire pendant à L'Innocence justifiée.

III. DEUXIEME PERIODE MANIERISTE

Si la première période mettait l’invention de l’artiste au-dessus de l’imitation de la nature, la seconde période va mettre en avant l’élection. L’art doit rivaliser avec la nature. Pas seulement l’imiter, faire mieux qu’elle. Prendre en elle le meilleur et rejeter le moins bon.

1. Vasari (1511-1574)



2. Annibale Carrache (1560-1609)




3. Francesco Salviati (1510-1663)




4. Daniele da Volterra (1509-1566)




5. Jacopino del Conte (1510-1598)



IV. L’ECOLE DE FONTAINEBLEAU : LA MANIERE FRANCAISE

Après le sac de Rome en 1527, les artistes essaiment dans toute l’Europe. Le maniérisme s’internationalise comme l’avait fait aux XIV° et XV° siècles le gothique. La France qui entend mener une politique de prestige s’attache les meilleurs peintres italiens : Rosso, Primatice.

1. Première Ecole de Fontainebleau (1530-1560)



Des artistes français, donc, inspirés par les italiens donnent naissance à un maniérisme français. C'est le point de départ d'une période de prééminence française dans l'art (même si longtemps les artistes devront faire le voyage de Rome) qui durera jusqu'à la seconde guerre mondiale.
Certains sont restés anonymes, comme le peintre de cette célèbre Diane chasseresse.



D'autres ont laissé leur nom, comme Jean Goujon.





2. Deuxième Ecole de Fontainebleau (1560 – 1620)


...…                                          .Entourage de Toussaint Dubreuil Vertumne et Pomone Fontainebleau


...…                                                                         Dame à sa toilette Musée de Dijon

Les artistes connus de cette période sont : Jean Cousin, le père (1490-1560) auteur de la fameuse Eva prima Pandora du Louvre ; Toussaint Dubreuil (1561-1602) ;Martin Fréminet (1567-1619) et Ambroise Dubois (1543-1615).


V. APPENDICE : ARCIMBOLDO

Les portraits composés à partir d’éléments empruntés aux productions de la nature sont sans doute liés au succès considérable des « cabinets de curiosité » qui se développent au XVI° siècle. Le Portrait de Rodolphe II en Vertumne, en tous cas, n’est en rien une caricature, mais est une allégorie (ressemblante) destinée à la glorification du souverain et de son règne. Allégories fréquentes au XVI° siècle (François 1er en déité composite, par exemple).


Cette glorification du souverain, ce sera l’objet essentiel, au XVII° siècle du courant baroque.

Pour télécharger le DIAPORAMA de ce cours :


1 commentaire:

  1. Merci beaucoup Monsieur pour vos cours très détaillés et bien expliqués! Joyeux Noel, cordialement Jan B.

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