Léonard de Vinci

samedi 7 mars 2009

LE XIX°S CHAPITRE 26 : LE ROMANTISME (2) CHAPITRE 27 : PRERAPHAELISME ET SYMBOLISME

COURS 28 CHAPITRE 26 LE ROMANTISME (2) CHAPITRE 27 DANS LES MARGES DU ROMANTISME : PRERAPHAELISME & SYMBOLISME
Jacques ROUVEYROL



CHAPITRE 26 : LE ROMANTISME (2)



I. LE RETOUR A LA PEINTURE

1. La couleur
On a vu comment le néoclassicisme privilégiait le dessin. Le romantisme opère une retour à la couleur. Géricault, Delacroix, Chassériau (ci-dessous).




2. Le mouvement

Le néoclassicisme fige ses scènes dans les poses de statues (c’est la statuaire grecque et romaine qu’il faut, selon Winckelmann, imiter). Le romantisme parie sur le mouvement. Géricault aime à peindre des chevaux, Delacroix des chasses aux lions.



II. LES THEMES



A l’opposé encore du néoclassicisme, le romantisme se concentre sur l’irrationnel. Il cultive le mystère c’est-à-dire, très exactement, ce qui reste inaccessible à compréhension rationnelle. Comme, par exemple :


1. L’instinct chez la bête. Nombre de tableaux représentent des bêtes attaquées et dévorées par d’autres, ou guettant leur proie, ou affolées par l’orage ou, comme dans ce tableau de Delacroix, se battant entre elles.



Qu'est-ce que l'instinct ? Quelque chose qui m'est étranger en ce sens qu'ayant développé ma raison et des comportements conformes à ma culture, j'ai laissé loin derrière le principe de mes conduites naturelles : l'instinct. Pourtant, au fond de moi, tapi sous les couches de culture, il est là cet instinct, mystérieux. Et c'est à lui que renvoient toutes ces œuvres animalières.


2. La mort

La mort est aussi un des thèmes favoris du néoclassicisme, mais envisagée comme ce qui doit être maîtrisé (du moins dans la crainte qu’elle suscite). Pour le romantisme, elle n’est pas un sujet de crainte. Plutôt un sujet de curiosité. Un mystère qu’il n’est pas question d’éclaircir – un mystère ne s’éclaircit d’ailleurs jamais, n’a rien à voir avec une devinette --, mais d’appréhender pour ce qu’il est et de décrire. Ainsi au Radeau de la Méduse de Géricault.



3. Le rêve et la folie

Pour le néoclassicisme, la valeur est la raison. A l’opposé exact, le romantisme va vanter la valeur de la folie et du rêve, en tant qu’expressions de puissances irrationnelles, pulsionnelles. Comment l’homme peut-il à ce point devenir étranger à lui-même ? Voilà le mystère qui fascine les romantiques. Par exemple, la folie meurtrière d’un Sardanapale qu’illustre le tableau de Delacroix.



4. L’actualité

Dans ce qu’elle a de déraisonnable : la guerre, par exemple ou des scandales majeurs (comme celui du naufrage de La Méduse). Le néoclassicisme (excepté dans sa deuxième phase "napoléonienne ") ne jure que par Rome, la République romaine et l’Empire romain. Il est, on l’a souligné, nostalgique. Le romantisme se tourne aussi vers le passé (on a vu en quel sens dans le cours précédent) ; mais il n’exclut pas un regard vers l’actuel. Ainsi Delacroix dénonce-t-il les Massacres de Scio.





III. L’EXOTISME (l’orientalisme)


L’étranger aussi est mystérieux. Le romantisme s’intéresse donc à l’étranger et, dans l’étranger, à l’exotique. Principalement à l’orient. Ainsi de Delacroix (ci-dessous Femmes d’Alger dans leur appartement) et de Chassériau (Intérieur d’un Harem).







IV. LE SUBLIME

Une œuvre d’art n’a pas à être belle. La beauté comme harmonie, équilibre, règle était la valeur dominante du classicisme. Une œuvre d’art a à être sublime. Il faut distinguer deux catégories du sublime.

a. Le sublime néoclassique.
C’est le surhumain, mais dans l’homme. Il s’incarne dans le héros. (Brutus, Sextus Empiricus, Marat)


b. Le sublime romantique.
C’est le surhumain, mais hors de l’homme. Ce qui surpasse l’homme. Le démesuré. (La puissance formidable des éléments : tempête, éruptions volcaniques, etc. ; l’extraordinaire puissance aussi des machines et de l’industrie sidérurgique, ci-dessous Louthebourg) ; celle encore de la montagne ou de paysages infinis).





Le sublime, c’est ce qui dépasse tellement l’humain que celui-ci se trouve devant lui anéanti mais grandi en même temps. N’être rien devant l’immensité mais en être complice, y participer. C’était cela Le capucin de Caspar David Friedrich (voir cours précédent).


V. LE GENIE

Un artiste n’a pas à respecter des règles. Il a à les inventer. En cela consiste le génie. Il faut pourtant distinguer deux types de génie.

1. Le génie néoclassique se place au-dessus des règles, mais c’est pour les enrichir. Ce qu’il invente est compatible avec ce qui a déjà été créé.

2. Le génie romantique se place au-delà des règles, n’en reconnaît aucune. Les « règles » qu’il invente sont sans commune mesure avec ce qui a déjà été inventé. C’est pourquoi le romantique ne distingue pas le fou du génie.

3. Le génie romantique, c’est l’homme sublime. Celui qui dépasse l’humain. En littérature :Lewis, Le Moine (1796) : le génie du mal, le génie diabolique. Mary Schelley, Frankenstein (1818) : le génie divin … ou presque ! Goethe, Faust (1808, première partie) : le génie de la connaissance.


VI. UN CAS PARTICULIER : INGRES (un romantique du néoclassicisme).

Il a de romantique certains de ses thèmes : le rêve, l’exotisme de ses odalisques : baigneuses, femmes du bain turc.


Mais il reste souvent néoclassique. Son Œdipe et le Sphinx est composé comme un vase grec.


Il a de néoclassique, encore, la pureté de son dessin. Mais un soin romantique de la couleur. Sa Baigneuse dite Valpinçon reçoit des éclairages indirects des draps sur lesquels elle est assise alors que la Madame Récamier de David reçoit un éclairage direct, artificiel simplement destiné à la rendre visible. Inclassable Ingres !

Pour télécharger le DIAPORAMA du cours :
https://drive.google.com/file/d/0Bz4Gx3D4ZlgGT0FEb3BTOWp4dE0/edit?usp=sharing




CHAPITRE 27 LE ROMANTISME (3) DANS LES MARGES DU ROMANTISME

I. LE PRERAPHAELISME

Il y a un romantisme anglais, il ne ressemble pas exactement au romantisme français ou allemand. Les thèmes sont souvent les mêmes : le rêve, la mort, mais le sublime le cède au mystique.

1. William BLAKE 1757 - 1827

La créativité n’a rien de commun avec le rationnel. Il y a un état de l’homme d’avant la raison qu’il faut retrouver. C’est sur ce point que Blake est romantique. Il voit dans le Christ le modèle de l’artiste : il agit non en fonction de règles (il s’oppose même aux règles) mais en fonction d’élans spontanés. C’est là une définition du génie qui est tout ce qu’il y a de plus romantique. Quant à cet état originel, antérieur aux règlements édictés par la raison, il faut le chercher dans les archétypes (la psychanalyse de Jung n’est pas loin) élaborés par (l’inconscient collectif, selon Jung, de ) l’humanité. (Ci-dessous La Maison de la Mort)



2. Les Préraphaélites

Ce sont des rêveurs. Raphaël est pour eux le peintre (la période de la peinture) qui a marqué la fin de l’innocence, de la candeur médiévale. Celui qui a, par valorisation de la virtuosité, détourné la peinture de la nature. Ils vont élaborer le rêve d’une nature originelle, édénique.

a. Everett MILLAIS 1829 - 1896





b. Gabriel ROSSETTI 1828 – 1882





c. Edward BURNE JONES 1833 - 1898




d. Madox BROWN 1821 - 1893




Les préraphaélites sont des poètes mais qui refusent les procédés d’atelier. Leur romantisme tient à ce qu’ils sont « possédés » par un passé qui n’est pas pour eux un modèle comme pour les néoclassiques, mais une force. Cette force est une force poétique, c’est-à-dire : un rêve. Cette possession par un rêve donne à ces œuvres la coloration du mystère. Le sens du mystère est romantique. Mais alors que les français et les allemands le cherchent dans l’instinct de la bête ou le génie de l’homme, le mystère est féminin chez les préraphaélites.

II. LE SYMBOLISME

1. Gustave MOREAU 1826 – 1898

C’est, là aussi, à un univers onirique mais nourri d’archétypes que le symbolisme va élaborer.




Bien plus énigmatique que la question du sphinx (de la sphinge) le pouvoir de séduction que cette créature énigmatique exerce sur ses proies.



2. Pierre PUVIS DE CHAVANNES 1824 – 1898

Est-ce un pécheur ou un pêcheur ? Les deux sans doute. La scène a-t-elle lieu réellement ou n’est-ce qu’un songe ou encore une image « archétypale » que chacun porte en soi quand il évoque ou la prière ou la famille ou simplement l’humanité ?




3. Odilon REDON 1840 – 1916

Là encore, rêve et mysticisme. Ce visage aux yeux clos dit tout : ce n’est pas au-dehors qu’il faut regarder pour voir.



a. Outre les références récurrentes à la mythologie, à la sphère religieuse, à la dimension onirique, certains thèmes reviennent fréquemment et chez nombre de symbolistes. C'est le cas, en particulier du personnage de Salomé. Gustave Moreau peint plusieurs versions de la danse de Salomé. Ci-dessous en 1876, L'Apparition (Musée Gustave Moreau, Paris).




D'abord, on est bien dans le romantisme, orientaliste. Salomé est une danseuse orientale et le garde, à droite, porte un vêtement oriental. Le romantisme orientaliste donne au tableau une partie de sa matière : la puissante sensualité incarnée par la jeune femme. Un univers païen. L'autre partie, déjà présente dans le décor de ces colonnes rectilignes comme le linteau qu'elles supportent, se manifeste dans la tête christique du "précurseur" : saint Jean-Baptiste. Autant il émane de Salomé l'irrésistible attraction de la chair, autant il émane du chef du Baptiste la répulsion de celle-ci au bénéfice du seul esprit. Symbole d'une univers chrétien. L'oeuvre de Gustave Moreau constitue le rêve de cet affrontement.

Franz von Stuck, à son tour, peindra plusieurs versions de la Danse de Salomé (ici, 1906 au Lenbachhaus, Munich) :


Chez von Stuck, peintre du Péché (ci-dessous) un tel affrontement est exclu. C'est le triomphe de Salomé qui semble moins danser pour obtenir la tête de Saint Jean-Baptiste que manifester, par la danse, la satisfaction de l'avoir obtenue. Salomé assume ce que le monde chrétien nomme sa perversité. La femme, pêcheresse impénitente. Mais le traitement qui est fait des couleurs situent cette femme davantage dans le rêve (le fantasme) que dans la réalité.


Le Péché (1893 Neue Pinakothek, Munich)

b. Un autre thème récurrent du symbolisme, c'est la mort. Pas la mort héroïque du néoclassicisme du XVIIIème siècle, pas non plus la mort romantique du héros dominé par le sublime ou la mort des XIV et XVème siècles comme rappel de la précarité de la vie. La mort comme mystère. Toujours présente : pour ces jeunes filles insouciantes de Puvis de Chavannes comme pour le fossoyeur, pourtant familier, de Carlos Schwabe. La mort comme rêve d'un ailleurs de la vie.

De L'Île des Morts, Bocklin peindra de nombreuses versions.


                             L'Île des Morts, 3ème version 1883 Alte Nationalgalerie, Berlin


Puvis de Chavannes La Mort et les Jeunes Filles 1872 Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts


Odilon Redon  La Mort verte 1899 Musée d'Orsay, Paris


Carlos Scwhabe  La Mort et le Fossoyeur 1900 Musée du Louvre, Paris

Le mouvement symboliste trouvera des prolongements, dans deux directions : d’abord

1. les Nabis (les « prophètes ») :

a. Maurice Denis 1870-1943


b. Pierre Bonnard 1867-1947


c. Edouard Vuillard 1868-1940


d. Félix Vallotton 1865-1925

2. Paul Gauguin 1848-1903 qualifié de "symboliste" quoique en un sens assez différent de celui utilisé pour Redon ou Moreau.
Mais, avec les Nabis comme avec Gauguin, quelque mysticisme qu’ on rencontre chez les uns comme chez l’autre, on est sorti du romantisme.


Pour télécharger le DIAPORAMA du cours :


3 commentaires:

  1. excellent ,tous vos cours sont très didactiques .
    Les photos pourraient bénéficier du nom du peintre ou sculpteur ,de la date de l'exécution et du musée où elles sont.

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  2. je ne comprends absolument rien

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  3. Effectivement il manque aux illustrations des légendes.
    Le cours est autrement excellent, et remarquablement digeste pour un néophyte!

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